Une démarche nécessaire
Le groupe sculpté est contemporain de la création de la chapelle, vers 1540. Le seigneur et propriétaire du logis, François Mauguy, est malade de la goutte lorsqu’il fait construire la chapelle dédiée à Notre-Dame de Pitié afin d’implorer sa guérison.
La Vierge de Pitié, placée au creux d’une niche au-dessus de l’autel, est au centre de l’attention du visiteur. La qualité de la sculpture est tout à fait en adéquation avec les décors de la chapelle, aussi bien dans la réalisation sculptée que dans l’élaboration de la polychromie.
La chapelle est décrite comme un lieu de pèlerinage au cours du XIXe siècle, et la détérioration du bâtiment est évoquée dès 1879. Les infiltrations d’eau provoquent des altérations importantes sur les lambris polychromés, et par extension sur les peintures murales et sur le groupe sculpté.
Microorganismes, insectes xylophages, dégâts liés à l’eau sont cités dans le cadre de la restauration des lambris, chantier achevé en 2014.
Une exceptionnelle polychromie d’origine
Les premières études ont révélé que la polychromie n’avait pas fait l’objet de repeints successifs, fait relativement rare et exceptionnel pour une sculpture du XVIe siècle.
La polychromie est d’une grande richesse, et est marquée par l’abondance de feuilles métalliques (or et argent) et par la variété des décors, représentatifs de cette période.
Aucune zone de pulvérulence n’a été observée. L’ensemble conserve une polychromie exceptionnelle d’où se détache le corps blanc du Christ.
En revanche, la vision originale de l’oeuvre est totalement modifiée par la présence d’une altération importante, qui conduit à transformer les couches picturales en les noircissant.
Restauration de la structure
Les manques significatifs sont :
– Sur la Vierge : un fragment de voile au-dessus du front,
– Sur le Christ : le nez, l’extrémité des doigts de la main gauche,
– Sur la sainte Marie Madeleine : le nez, la main gauche depuis le poignet, l’auriculaire de la main droite, des épaufrures le long du voile, l’extrémité pied droit (non vu, placé à l’arrière du Christ).
Il manque également l’angle arrière senestre de la terrasse, sous le personnage de Marie Madeleine.
Restauration de la polychromie
La principale altération est très certainement le noircissement de certaines zones de polychromie, qui transforme considérablement la perception de ce groupe sculpté, notamment en inversant les contrastes.
Cependant, d’autres altérations sont présentes, et se révèlent assez différenciées selon les zones.
Sur le Christ, la principale altération consiste en zones d’usures et de lacunes de polychromie importantes, dues notamment aux passage des mains des usagers. La Vierge est quant à elle la plus touchée par le noircissement de la polychromie. Le personnage de Marie-Madeleine, placé en retrait, est la sculpture la moins altérée, mais la possible altération des feuilles métalliques sur la robe et le manteau reste en suspens.
Les grandes étapes de la restauration
- Dépose, déplacement vers atelier de restauration
- Fixage de la polychromie
- Nettoyage de la polychromie
- Dépose des anciens collages (voile de la Vierge)
- Dépose de la moquette collée sous le groupe Vierge et Christ
- Collages des fragments, bouchages
- Réintégration des volumes des nez du Christ et de Marie-Madeleine (si le choix de restitution est validé)
- Retouches colorées sur les zones de bouchages
- Retouches colorées pour améliorer la lisibilité de l’oeuvre : le niveau d’intégration devra faire l’objet de discussion et de validation
- Rapport de restauration avec documentation photographique